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Entretien avec Mécène Joseph

Voici comment cela a commencé, c’était un mois de mai et  une dame qui vivait dans les mornes avait vendu une chèvre u marché.  Elle essayait de faire vivre ses enfants, c’était une période de vache maigre. Elle avait vendu la chèvre pour  un montant de sept (7) gourdes. Quand elle a été faire les papiers pour les taxes, le bureau des contributions lui a fait payer une pénalité de cinq (5) gourdes parce qu’elle n’avait pas de pièce d’identité et une gourde 85 centimes comme frais de taxes.  La dame s’est mis a pleuré parce qu’il ne lui restait plus rien. Chemin faisant elle a rencontré Jérémie Eliazaire à qui elle a tout expliqué et Jérémie lui a demandé d’identifier l’acheteur et il a récupérer la chèvre et l’a rendue à la dame et il a demandé aux responsables du bureau des taxes de rendre l’argent à l’acheteur. C’est ainsi que les hostilités ont commencé entre eux et Jérémie.  Ils sont allés porter plainte contre Jérémie à Fort Dimanche[1] et l’armée est venue pour l’arrêté. Quand ils sont arrivé Jérémie était assis au bord de la route, ils ont fait feu sur lui mais de la fumée est sortie de sa tête, il est resté debout. Ils l’ont ligoté et emmené, ils ont décidé de le rétrogradé. Dans la nuit le bureau de la police rurale a été saccagé, ils ont encore accusé Jérémie. Ils sont revenus une fois de plus encerclé sa maison et lui ont demandé de sortir. Jérémie s’est enfui avec sa famille par une fenêtre il est allé se préparer dans les bois pour répondre à la prochaine attaque, il y avait  des kamokens [2] dans les bois et ils ont nommé Jérémie chef de la bande.

 Le 27 mars Jérémie est venu à Kazal et il a investi le bureau des miliciens, déchiré les documents, enlevé le drapeau noir et rouge pour mettre leur drapeau. Ils sont venus expressément pour Saintervil, mais un enfant a été avertir ce dernier il s’est caché. Après Saintervil a donné l’alerte à Cabaret, Arcahaie, Grand quartier général Fort-Dimanche, Saut D’eau. La ville était en feu, quand les miliciens ont débarqué ils se sont mis à tuer des gens, à incendier les maisons, quelques jours après les macoutes ont affronté les résistants dans une localité appelé Tiso, ils ont tué trois (3) personnes : Jean, Lamarre et Maxo. Ils ont arrêté les autres, mais Jérémie s’était déjà envolé, parmi les personnes arrêté ce lundi là il y avait un certain Nephort.  Le samedi suivant ils ont tendu un piège à Jérémie chez une marchande où il s’approvisionnait tous les soirs. Cette marchande avait prévenu les macoutes qu’il allait venir, et quand Jérémie est arrivé cette nuit-là, les macoutes qui avaient encerclé la maison ce sont emparé de lui.

Lorsque les macoutes sont arrivés à Kazal ce 27 mars, ils ont forcé tous les hommes à partir à la recherche des résistants dans les bois. On partait le matin et le soir on devait monter la garde,  quand j’ai appris que les macoutes rassemblait tous les hommes du village je pensais qu’ils allaient nous faire du mal je me suis enfui dans les bois. Ils nous ont retrouvé dans les bois et ils nous ont arrêté,  le chef de la police du village a dit aux macoutes que ce n’était pas nous qui avions commis les infractions. Après cela j’ai intégré les rangs des miliciens, mais j’ai fait cela pour me protéger je n’ai jamais fait de mal à personne ni profiter d’eux. Je n’étais milicien que de nom, après ils m’ont nommé commandant, quand Duvalier est parti certains ont fui par peur mais moi je n’avais rien à craindre. Comme commandant je m’occupais des zones, je distribuais le planning aux miliciens, chaque mois je rappelais à ceux qui devait prendre le service de se rendre à Cabaret. Le milicien avait son quartier général et son horaire de service.

 

[1] Prison et célèbre lieu de torture pendant la dictature. Beaucoup de ceux qui ont été emprisonnés là-bas ne sont jamais revenus

[2] Nom donné aux opposants de Duvalier, il était considéré comme équivalent de communisme par le régime de l’époque.

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