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LETA

La rage te fait serrer les mâchoires et boucler ta ceinture plus près de la peau de ton ventre quand tu as faim.

La rage, c’est une grande force. Lorsque nous avons fait la huelga*, chaque homme s’est aligné,

chargé comme un fusil jusqu’à la gueule avec sa rage. La rage, c’était son droit et sa justice.

On ne peut rien contre ça.

Gouverneur de la Rosée, Jacques Roumain

* La grève

À l’époque, on était obligé d’être milicien et je l’étais. Je faisais des nuits blanches à patrouiller la zone et j’ai été témoin de toutes les arrestations. Mais j’étais un milicien d’ici, je n’ai touché personne. Quand on tuait des gens de Kazal, ça me faisait mal, j’ai perdu des amis durant le massacre. 

Les pires méfaits étaient les œuvres des miliciens des Casernes Dessalines, ce n’était vraiment pas beau à voir. Je vous mentirais si je disais qu’aucun de nous n’a participé, mais les vrais acteurs n’étaient pas les miliciens de Kazal.

 

Avant même ces événements, les miliciens de Kazal n’avaient jamais fait d’abus. Je ne dis pas qu’il n’y avait pas eu de prises de bec entre nous, mais ça n’a jamais été grave. Je suis et je reste un homme honnête, je suis cultivateur et médecin traditionnel.

À Kazal, on est une seule famille. Si vous regardez bien, vous verrez que tous les gens de Kazal sont issus de la race blanche. Les personnes à peau noire viennent d’ailleurs. Ils se sont mariés avec une personne native de Kazal et ont donné naissance à des enfants à la peau noire. Mais les vrais Kazalais sont de la même couleur que moi, blanche, et même plus, avec des yeux verts. 

Prenez l’exemple de Jérémie, l’acteur principal des événements : c’était un bel homme à la peau claire, comme nous, un descendant des Polonais. Je n’étais pas dans la résistance dont il faisait partie, mais c’était un ami. Il est né et a grandi à Kazal où il était domicilié et propriétaire, tout comme moi. 

Dieuvère Remoné, médecin traditionnel,
ancien milicien

Entretien avec Dieuvert Remoné - Dumas Macon
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Librairie de l’école nationale, Kazal.

Entretien avec Belfort Jean Gesner

Habitant de Kazal et témoin direct du massacre du 29 mars 1969.

Entretien avec Belfort Jean Gesner - Dumas Maçon
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Le pont de Kazal reliant les zones de Cada et de Belnot, construit en 2008 sous l’initiative du  Président Préval.

Lors du massacre de 1969, beaucoup de jeunes femmes ont été violées sous les yeux de leurs parents. C’était un moyen pour les militaires et miliciens de forcer Jérémie à se rendre.

Ils s’étaient installés dans la cour de mon père, c’était devenu comme une base. Pour ne pas participer au massacre, quand les militaires et les miliciens rassemblaient les gens qui devaient partir à la recherche des fugitifs, je m’écartais à chaque fois. 

 

Olvert Dorlus, cultivateur.

L’église Mont-Carmel de Cabaret construite pendant le régime Duvalier.

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